la nouvelle génération des griots mandingues

KALA JULA & FAMA DIABATÉ

Dans la tradition des griots mandingues d’Afrique de l’Ouest, il n’est pas rare qu’on reconnaisse dans le talent d’un enfant l’héritage direct d’un de ses ancêtres. Ce fut le cas pour Kassé Mady Diabaté, un des plus brillants chanteurs maliens de son temps, décédé à Bamako le 24 mai 2018 à l’âge de 69 ans : les vieux de la famille avaient reconnu en lui la voix célèbre de son grand-père, qu’on appelait Jeli Fama, « le grand griot ».

Il semble bien que ça soit aujourd’hui à nouveau le cas du jeune Fama Diabaté, arrière-petit-fils du même Jeli Fama. Autour de lui, pour rendre hommage à l’extraordinaire vivacité des traditions musicales d’Afrique de l’ouest, le guitariste Samba Diabaté et le multi-instrumentiste Vincent Zanetti mêlent une fois encore blues, jazz et musiques mandingues avec la liberté, le lyrisme instrumental et la richesse mélodique qui font la marque de Kala Jula, leur ensemble à géométrie variable

Comme Samba Diabaté, Fama Diabaté et son père Mahamadou se rattachent  à une des plus fameuse lignée de griots maliens, celle des Diabaté. Eux viennent du village de Kéla et leur famille détient une des versions les plus importantes de l’épopée mandingue. A la fois mythique et historique, ce récit raconte la geste de Sundjata Keïta, rassembleur, législateur et créateur de l’empire du Mali au 13ème siècle. Pour transmettre cette tradition, certains des Diabaté sont maîtres de la parole, d’autres chanteurs ou instrumentistes. Mahamadou Diabaté, lui, a choisi l’art du luth ngoni. Il a participé à plusieurs projets organisés par Vincent Zanetti, au Mali et en Suisse, et il joue régulièrement dans les fêtes à Bamako.

Formé par son père Mahamadou et dirigé par son oncle Samba, Fama Diabaté va avoir 15 ans. C’est à la fois un excellent balafoniste et un chanteur au talent prometteur. À 13 ans, il a été sélectionné par la fondation Aga Khan pour représenter la tradition des griots sur plusieurs scènes internationales. En 2017, son premier clip sur YouTube, « An ka ke niogon fe », lui a d’emblée valu une reconnaissance internationale.

«Quand Fama Diabaté chante, la voix qui mue, il a très au fond de la gorge la soul d’Otis Redding qui revient. Plus loin encore, un blues du Delta. Il est universel.»

Arnaud Robert – le Temps – 02.11.2019

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